Le 23 juillet 2024, la journaliste indépendante Aya Velázquez a publié l'intégralité des protocoles des réunions du groupe de crise Covid-19 de l'Institut Robert Koch (RKI).
Ces documents, couvrant la période de 2020 à 2023, ont été transmis par un lanceur d'alerte travaillant pour le RKI, motivé par des préoccupations éthiques. Velázquez a expliqué que l'informateur était en désaccord avec la manière dont l'institut avait anticipé et suivi certaines directives politiques, compromettant ainsi, selon lui, les principes scientifiques.
Les protocoles révèlent plusieurs points critiques sur la gestion de la pandémie par le gouvernement allemand. Notamment, ils montrent que le RKI avait discuté des risques associés aux vaccins, comme le risque de thrombose avec le vaccin AstraZeneca. Malgré cela, l'institut n'a pas contesté les campagnes de vaccination du gouvernement, même lorsque les vaccins pour enfants n'étaient ni recommandés ni autorisés. Ces décisions montrent une certaine complaisance du RKI vis-à-vis des demandes gouvernementales, même lorsqu'elles allaient à l'encontre des recommandations scientifiques internes.
Les documents indiquent également que le virologue Christian Drosten aurait retenu une étude dont les résultats contredisaient les politiques de test gouvernementales. Cette rétention d'informations critiques remet en question la transparence et l'intégrité des actions menées pendant la pandémie.
Une autre révélation importante concerne la notion de "pandémie des non-vaccinés". Les protocoles indiquent que cette notion, largement véhiculée par les médias, était incorrecte d'un point de vue scientifique. Les documents montrent que, d'un point de vue professionnel, il n'était pas justifié de blâmer les non-vaccinés pour la propagation du virus, ce qui contredit les discours publics dominants de l'époque.
La publication de ces documents a suscité des réactions variées. Le RKI a désapprouvé la publication des documents non expurgés, invoquant la divulgation illégale de données personnelles et de secrets commerciaux. Le ministre de la Santé, Karl Lauterbach, a affirmé que le RKI avait déjà prévu de publier ces protocoles, insistant sur le fait qu'il n'y avait rien à cacher. Cependant, certains médias, comme la Schwäbische Zeitung, ont souligné que ces protocoles contenaient de nombreux détails sensibles qui auraient dû rester confidentiels.
Les réactions des médias et des experts ont été diverses. Certains, comme le magazine Bild, ont accusé le RKI de complicité avec le gouvernement dans la diffusion d'informations trompeuses sur les vaccins. D'autres, comme l'épidémiologiste Klaus Stöhr, ont critiqué l'influence politique sur le RKI, affirmant que l'institut aurait dû maintenir une stricte indépendance scientifique et informer le gouvernement en conséquence.
Cette publication constitue une étape marquante pour le journalisme indépendant en Allemagne, mettant en lumière les contradictions et les décisions controversées dans la gestion de la crise sanitaire. Elle pose également des questions importantes sur la transparence et l'intégrité des institutions publiques en période de crise.
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