Qui ? Oui, cher lecteur, c’est nous !
Nous connaissons tous la longue liste de gouvernements renversés par la CIA, et depuis notre position morale élevée, nous condamnons ces coups d'État avec véhémence. Ils ont engendré des dictatures infligeant d'horribles souffrances aux populations concernées. Le dernier coup d'État réussi a eu lieu en Ukraine, mené sous Obama, avec Victoria Nuland disant fameusement : « Fxxx the EU » ! Sa population est aujourd'hui conduite à l'abattoir dans un terrible fratricide contre la Russie. Maintenant, c'est au tour de la Géorgie. Mais surprise : ceux qui mènent cette tentative de coup d'État ne sont pas la CIA, mais l’Europe !
L’UE mène un Maïdan en Géorgie
L’Europe joue un rôle douteux dans les événements de Tbilissi. Prenons, par exemple, Kaja Kallas, Jeune Leader Global du Forum Économique Mondial et nouvelle chef de la politique étrangère de l’UE. Elle a été très vocale sur les droits des manifestants, critiquant la répression du gouvernement géorgien et menaçant la Géorgie de sanctions.
Ou encore Michael Roth, président de la commission des affaires étrangères au Bundestag allemand, membre du SPD et homme de George Soros en Allemagne, qui s’est rendu à Tbilissi pour exprimer sa solidarité avec les manifestations pro-européennes en Géorgie. Roth a décrit la Géorgie comme une partie clé de l’avenir de l’Europe et a participé à des engagements publics soutenant les aspirations du pays à rejoindre l’UE.
Nathalie Loiseau, députée européenne française et vice-présidente de l’Association parlementaire UE-Géorgie, a appelé à un engagement direct de l’UE, notamment des visites pour rencontrer les manifestants et les responsables géorgiens afin de plaider pour des processus démocratiques.
Puis, il y a nos diplomates européens, comme l’ambassadeur allemand Peter Fischer, qui prennent la parole lors d’événements en promettant l’adhésion à l’UE—ou sinon des sanctions et pire encore. Le gouvernement allemand a ouvertement critiqué les autorités géorgiennes pour leurs actions antidémocratiques. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Sebastian Fischer, a exprimé un soutien fort aux aspirations des manifestants pour une adhésion à l’UE. Le président Frank-Walter Steinmeier a condamné la violence contre les manifestants et réaffirmé l’engagement de l’Allemagne à soutenir les valeurs démocratiques en Géorgie.
Le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a appelé au respect des libertés fondamentales, des manifestations pacifiques et de la société civile, exprimant des liens forts avec le peuple géorgien et ses aspirations européennes. Lars Løkke Rasmussen, ministre danois des Affaires étrangères, Espen Barth Eide, ministre norvégien des Affaires étrangères, et Elina Valtonen, ministre finlandaise des Affaires étrangères, ont tous condamné la violence contre les manifestants et réaffirmé leur soutien à l’avenir démocratique de la Géorgie au sein de l’UE.
Le problème avec ce récit : la violence est orchestrée par ceux qui la critiquent
Comment tout a commencé : la loi sur les agents étrangers
L’opposition s’est battue avec acharnement pour bloquer la loi sur les agents étrangers que le parti au pouvoir Rêve Géorgien avait proposée. Cette loi est essentiellement une copie de la loi américaine FARA (Foreign Agents Registration Act) de 1938. Elle exige que les individus ou organisations agissant comme agents de principaux étrangers en capacité politique ou quasi-politique divulguent leurs relations, activités et compensations financières. La loi géorgienne de transparence, introduite par le parti Rêve Géorgien début 2024, propose de qualifier d'« agents étrangers » les organisations et individus recevant plus de 20 % de leurs financements de sources étrangères. Une affaire importante.
Les ONG concernées par la loi sur la transparence sont passées à l’action. Transparency International Georgia a joué un rôle clé en plaidant contre cette loi et en soutenant la résistance de la société civile face à des mesures perçues comme antidémocratiques. Le Netherlands Helsinki Committee (NHC) a offert un soutien financier aux ONG géorgiennes locales pour des projets de surveillance et de défense des droits humains. Et comme toujours, impossible d’imaginer un coup d’État sans George Soros : sa Fondation Open Society Georgia est active depuis longtemps dans la promotion de la démocratie, des droits humains et de la société civile en Géorgie. Le Centre d'éducation aux droits humains et de surveillance (EMC) travaille à renforcer les institutions démocratiques et à défendre les droits humains, mais uniquement si elles sont pro-UE.
Quel avenir pour la Géorgie ?
Cette opération de changement de régime est difficile à vendre, et la majorité des Géorgiens voient toute cette affaire avec suspicion. Qui voudrait finir comme l’Ukraine ? Ou la Turquie ? Les Géorgiens savent instinctivement que la Géorgie n’est pas en Europe et qu’il pourrait être préférable d’entretenir de bonnes relations avec leurs voisins plutôt que de placer leurs espoirs dans des promesses vides. Les Européens eux-mêmes ne sont pas convaincus par ce projet. Les précédents élargissements de l’UE ne sont toujours pas digérés, et l’Europe a perdu sa magie. Elle s’est transformée en une bureaucratie monstrueuse et antidémocratique, perçue comme totalement détachée de ses citoyens.
Le Premier ministre Irakli Kobakhidze du parti Rêve Géorgien n’a pas apprécié les menaces et a retiré l’application de la Géorgie de rejoindre l’UE. Il se retrouve maintenant face à la présidente géorgienne d’origine française, Salomé Zourabichvili, qui a publiquement rejoint les manifestations, appelé à de nouvelles élections et refuse de quitter son poste à la fin de son mandat. Rêve Géorgien, initialement considéré comme un parti pro-européen et réformiste, a intelligemment détourné le pays de devenir un bélier pour l’UE et l’OTAN contre la Russie.